L'Alfa Romeo Tonale est doté d'une belle allure et d'un châssis dynamique, mais il lui manque le feeling de direction et une boîte de vitesses plus alerte pour convaincre. Sa version hybride rechargeable se comporte de manière exemplaire avec une consommation limitée.
Il y a moins de deux ans, la gamme Alfa ne comptait que deux modèles : la Giulia (de 2015) et le Stelvio (de 2016). En 2019, les Italiens ont montré le concept-car Tonale, un SUV compact qui devait alors prendre place sous le Stelvio. Les choses se sont ensuite calmées, en partie à cause de la pandémie, et Alfa semblait condamnée à une nouvelle série de plans ambitieux…sans résultats concrets !
Mais voilà, l'année dernière, le voile est finalement tombé sur le Tonale, qui a désormais l'honneur d'être la première Alfa Romeo hybride rechargeable de l'histoire. C'est bien nécessaire, car d'ici 2027, les Italiens veulent lancer uniquement des modèles électriques, et ce n'est plus très loin. Pour l'instant, l'électrification se limite uniquement à ce Tonale…
Hormis une trappe supplémentaire sur le flanc, il n'y a aucun moyen de savoir que ce Tonale PHEV est hybride rechargeable. Sauf si on regarde attentivement la vitre de custode, juste avant le montant C, où le serpent du logo Alfa est électrifié. Sinon, ce PHEV présente les mêmes lignes que la Tonale sans prise.
Il n'y a absolument rien à redire à cela : le design est agréable avec sa traditionnelle calandre triangulaire, sa signature lumineuse en trois parties, sa ligne de caisse ascendante et ses jantes Teledial (de 18 à 20 pouces) parfaites, comme sur toutes les Alfa. Avec ses 4,53 mètres, il peut sembler un peu trapu sous certains angles, mais les Italiens étaient quelque peu liés à la plateforme Small Wide du Compass, antérieure à la période Stellantis. L'empattement de 2,64 mètres est d'ailleurs identique à celui de la Jeep.
Dans l’habitacle, le Tonale parvient également à séduire, grâce à un volant qui tient bien dans la main et à deux colossales palettes de changement de vitesses en aluminium sur la colonne de direction. Celles-ci sont d’ailleurs fixes, ce qui n'est pas toujours pratique pour tout le monde. Alfa Romeo a également transposé les tubes du combiné d'instruments classique dans le 21ème siècle en les utilisant comme cadre pour une instrumentation digitale de 12,3 pouces.
L'ensemble est agréable à regarder et, à moins d'un examen plus approfondi, on peut dire que les matériaux utilisés sont réussis. L'ergonomie n'est cependant pas toujours bien pensée : par exemple, le sélecteur DNA des modes de conduite semble un peu perdu sur la console centrale et rajouté à la dernière minute. Par ailleurs, le sélecteur de rapports trahit que le design de ce Tonale est antérieur à la période Stellantis. Enfin, avec 385 litres d'espace de rangement, le volume du coffre de du Tonale PHEV est d'emblée inférieur de 115 litres à celui des autres Tonale.
Ces autres Tonale ont d’ailleurs un 4-cylindres 1,5 litre sous le capot, mais ce PHEV utilise le même 4-cylindres 1,3 litre que le Compass. Une autre preuve – s’il en fallait encore – que le Tonale précède la création de Stellantis. Quoi qu'il en soit, dans le cas présent, ce moteur à combustion développe 180 ch, est doté d’un alterno-démarreur et entraîne les roues avant. Sur l'essieu arrière se trouve un moteur électrique de 90 kW (122 ch), qui porte la puissance totale à 280 ch. Pour ceux qui n'ont pas besoin d'autant, il existe un autre PHEV Q4 de 190 ch.
La batterie a une capacité de 15,5 kWh, ce qui devrait permettre de parcourir 69 kilomètres en mode entièrement électrique. Sur papier, Alfa Romeo annonce une consommation moyenne de 1,3 l/100 km et des émissions de CO2 de 29 g/km. De notre côté, on a obtenu une autonomie d'un peu moins de 60 kilomètres et, avec une recharge régulière, une consommation moyenne de 5,2 l/100 km. Avec un poids de 1,8 tonne, ce n'est pas une mauvaise performance.
Hormis le bouton « e-save » sur la console centrale, qui maintient la charge de la batterie et l'enregistre pour plus tard, Alfa Romeo limite les modes de conduite à ses trois modes « DNA » classiques : Dynamic, Normal et Advanced Efficiency. Le premier permet aux deux sources d'énergie de fonctionner ensemble, mais ne fait pas déborder le Tonale d'enthousiasme. Il est plus performant en Dynamic, mais dans les deux cas, la lenteur de la boîte de vitesses automatique à six rapports vient perturber le fonctionnement du SUV.
Dommage, car avec une source de puissance plus enthousiaste et une boîte de vitesses plus réactive, le seul talon d’Achilles de ce Tonale PHEV Q4 serait sa direction au ressenti artificiel. En effet, on a l'impression que le châssis à traction avant est réglé pour la dynamique, sans perdre de vue le confort de conduite. Pourtant, on ne ressent jamais vraiment le besoin de régler les amortisseurs à commande électronique sur « Sport », surtout avec les jantes de 20 pouces...
Au bout du compte, Alfa Romeo demande 50 500 € (France : 51 800 €) pour son Tonale Q4 280 hybride rechargeable, soit à peine 1 000 € (France : 2 000 €) de plus que la version 190 ch. De plus, cette version la plus puissante est combinable avec d'autres niveaux d’équipement. Ce prix place l’Italien en parfaite adéquation avec ses rivaux comme le BMW X1 xDrive25e et bien en dessous des Mercedes GLA 250 e ou Jaguar F-Pace P300e.
Avec cette version Q4 hybride rechargeable, Alfa Romeo fait son premier grand pas vers l'électrification. Bien que le groupe motopropulseur ait un jour de retard, l'effet est heureusement réussi. Il suffit de lui donner une direction plus transparent et plus précise, ainsi qu’une boîte de vitesses plus réactive.
