Avec la résurrection d'Alpine, Renault a mis dans le mille. Parce qu'elle est de conception assez simple, parce qu'elle est esthétiquement irrésistible et surtout parce que son poids plume est une source de plaisir intense sur la route, quiconque a essayé l'A110, y compris les conducteurs habitués aux supercars, est tombé sous son charme. Pourtant, aussi ravis soient-ils, les déjà nombreux fans de l'Alpine (5.400 exemplaires vendus en 22 mois) sont presqu'aussi nombreux à dire qu'il lui manque quelque chose.

Couleur compet'

En effet, dès les premiers essais, à peu près tout le monde l'a dit : le potentiel dynamique de l'Alpine mérite plus que les 252 ch qu'elle a sous le capot. Renault a sorti son crayon, pris quelque notes et montre aujourd'hui que le message a bien été reçu, en lançant l'A110 S.

Au premier regard, on ne voit rien qui distingue cette version de n'importe quelle autre Alpine. Pourtant, elle repose sur des pneus un peu plus large, elle est 4 mm plus proche du sol et ceux qui connaissent un peu les courses d'endurance verront que ci et là, sur les étriers de freins ou au niveau du petit drapeau qui orne le montant arrière, il y a des touches d'orange, couleur officielle d'Alpine en compétition. Orange qui remplace aussi le bleu des autres Alpine sur le volant et dans les surpiqûres des sièges.

Presque 300

Le plus important n'est évidemment pas là. Les ingénieurs ont modifié la pression du turbo du 4 cylindres 1.8, pour porter sa puissance à 292 chevaux. Le couple reste à 320 Nm, mais sa disponibilité est étendue, ce qui donne plus de caractère à la mécanique, caractère aussi affirmé par la sonorité d'une sportive étonnante pour un "simple" 4 cylindres. Côté boîte, on a toujours la double-embrayage 7 rapports, qui accepte sans problème la conduite "hardcore", si ce n'est le refus occasionnel de rétrograder dans certaines situations… un peu extrême, il faut l'avouer.

Avant de nous donner quartier libre sur le circuit d'Estoril, les gens d'Alpine nous ont aussi parlé du châssis et des différences de philosophie entre la S et les autres A110. La S reçoit des barres antiroulis deux fois plus rigides, des suspensions 50% plus fermes, et là où les versions "normales" sont des voitures vives et joueuses, la S doit plutôt avoir l'âme GT. A priori, on imagine donc une voiture plus "soft", moins sportive. Mais l'essai va montrer tout autre chose.

En configuration route, l'A110 S se montre en effet un peu plus sous-vireuse que ses sœurs. Le truc, c'est qu'en retouchant le châssis, les ingénieurs lui ont offert un équilibre qui frôle la perfection. Si bien qu'en repassant au stand après quelques tours, et après que les ingénieurs aient modifié la pression des pneus, rien de plus, le comportement était transformé. Fini le sous-virage, le train arrière qui enroule les courbes. Si en plus, on sait doser les freins (d'une excellente endurance) pour faire gentiment pivoter la voiture sur son train avant, peut remettre les gaz bien plus tôt en sortie de virage. Une vraie, une pure merveille !

Chère mais généreuse

Alors que la "philosophie GT" annoncée par Alpine pouvait laisser craindre le contraire, l'A110 S est donc finalement encore plus bluffante sur circuit que les autres A110, qui y sont pourtant déjà chez elles. Cerise sur le gâteau : malgré les réglages plus durs, elle n'est pas moins confortable sur route que les autres A110, grâce à des modifications très subtiles de l'amortissement.

Maintenant, le sujet qui fâche : l'Alpine A110S est 10.700€ plus chère qu'une A110 de base, soit 66.500€. Et avec quelques options qui font du bien au look et/ou au poids (peinture gris mat exclusive, jantes Fuchs forgées, toit en carbone), la facture ira vite chatouiller les 75.000€. C'est vrai, ça pique un peu. Mais on se dit que chez les Allemands, on trouve des voitures prétendument sportives qui n'offrent pas la moitié du plaisir qu'offre cette Alpine…